Paule : Samedi nous continuons à monter pour aller de Bourail à Malabou. Avant de quitter Bourail, nous visitons le musée qui est très bien fait. Bourail était un centre pénitencier et il y a des panneaux très informatifs. Le paysage est de plus en plus désolé au fur et à mesure que l’on monte vers le nord de l’île et de plus en plus vide. Nous arrivons à Malabou vers 16h. Le resort est assez joli, situé au bord de la mer. En fin d’après-midi nous allons à Poum faire des courses pour pique-niquer le lendemain. Les ressources sont très faibles et Poum fait vraiment village du bout du monde. Il y a deux très petits commerces, une église, une gendarmerie et une mairie. Par contre, les paysages autour de Poum sont assez jolis. Il y a une chaîne de montagnes assez spectaculaire. On devine des gisements divers et la roche est parfois rouge, parfois blanche, stratifiée et elle se délite en copeaux qui ressemble à des copeaux de bois. |
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Maurice : Nous partons vers 10h30. Premier arrêt une heure plus tard, nous ne sommes pas encore à l’aéroport quand nous prenons un chemin de terre, attirés par un conservatoire de l’igname. En pleine nature deux ou trois baraques neuves : dans l’une un chauffeur kanak nous dit que le préposé est parti manger. Et nous repartons quand le technicien apparaît, kanak, lui aussi. Trente ans, assez beau, doux et souriant, il nous montre des tubercules qui me paraissent bien ligneux. |
Ils en ont 120 variétés. Puis il nous ouvre la plantation où l’on voit des ignames sur pied et aussi des plants de taro et de manioc (c’est vraiment ce qu’ils appelaient casowa en NGP), ainsi que du chou kanak, que l’on mange et qui est paré de grandes vertus médicinales, il purge le sang. On voit aussi des gayacs, arbres locaux, produisant des fleurs et des fruits en forme de gousses qui se dessèchent et se recroquevillent sur l’arbre. L’état des gayacs est un précieux indicateur pour les pêcheurs qui savent, à les voir, quelles espèces de poissons ils doivent pêcher à un moment donné. Le jeune kanak qui n’est pas ethnologue, ni guide touristique, nous dit ça tout uniment, comme un fait. |
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Nos connaissances de la végétation locale s’accroissent un peu plus loin, quand nous nous arrêtons pour acheter des lychees à deux braves dames kanaks qui ont installé leurs pliants et une petite table chargée de fruits sous deux arbres majestueux dont la feuille ressemble à celle du ficus. Ce sont, nous disent-elles, des jamoniers, qui portent des petits fruits, aujourd’hui encore verts (on en voit des grappes en s’approchant) mais qui vont devenir mauves et qui seront alors très bons à manger ou pour faire de la confiture. Je prends des photos, P s’attarde un peu à parler avec les deux dames.
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A cinq km de Boulouparis j’oblique vers les paillotes où nous devons passer notre dernière nuit en NC, jeudi prochain. On traverse un golf pour y arriver et c’est plein de golfeurs. L’endroit est pas mal arrangé, nous déjeunons sur une terrasse, à quelques mètres de la piscine, entourés d’une végétation abondante et variée. Le repas est même bon (toujours cher, nous ne nous en tirons jamais à moins de 45 ou 50 euros) et nous sommes servis par des jeunes dames kanaks, assez agréables à voir, dont l’une nous dit venir d’Ouvea. A deux tables proches de la notre sont attablés des blancs et des kanaks mélangés. Quittant la grand-route nous prenons le chemin de la tribu des Ouator, chemin asphalté de cinq kilomètres. Là on trouve une petite église jaune et nous ne savons pas si l’on peut aller plus loin. Au SI ils nous ont bien recommandé de ne pas aller dans les tribus sans être annoncés. Nous allons alors jusqu’à la table d’hôte de la Marie Georgette, à cent mètres de l’église, qui était annoncée, sur la grand-route, au carrefour du chemin que nous avons pris. Elle n’a pas l’air de fonctionner, mais nous trouvons quand même un ado, du plus beau noir qui nous indique le chemin de la grande case mentionnée dans les guides. |
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Et nous dit qu’on peut y aller : en fait elle est à deux cent mètres de l’église, en contrebas, cachée derrière des jamoniers. Elle est ronde, elle est belle, sur son socle, avec tout ce qu’il faut, flèche sculptée, chambranles sculptés des deux côtés des deux portes diamétralement opposées. |
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L’intérieur, où un écriteau invite à rentrer sans autorisation est vide avec seulement un foyer. On repart sans voir le village, rien n’invite à y aller. Les petites villes traversées, Boulouparis, La Foa, Moindou, Bourail font assez nouvelle frontière, avec des mairies et des gendarmeries sur lesquelles flottent le drapeau tricolore et des supermarchés qui ont des allures de « general store » de l’Ouest américain. Architecture assez minimale, même si à Moindou on photographie une auberge « historique ». Le paysage change, les cent premiers kilomètres sont assez arides et ont l’air bien peu tropical. Après cela devient plus vert, il y a des espaces qui ressemblent à des prairies et qui sont d’ailleurs peuplés de paisibles bovins ressemblant comme des frères à ceux de la métropole. |
Ca fait juste un peu bizarre de voir ces braves vaches brouter à l’ombre de cocotiers. Nous prenons notre chambre à l’hôtel La Nera, au bord de la rivière, juste avant Bourail. C’est convenable, notre chambre ouvre de plein pied sur une piscine qui n’est pas grande mais bien arrangée, le tout dominant la rivière qui sinue en contrebas. Le terrain pentu et herbu qui nous sépare de la rivière est peuplé de bestiaux. Une petite accalmie du temps (on a même vu des petits coins de ciel bleu) nous permet d’aller nous baigner à quelques kilomètres, à l’embouchure de la rivière. Le sable n’est pas très blanc mais fin, on ne se marche pas sur les pieds, il doit y avoir dix personnes sur deux kilomètres de plage et l’eau reste assez chaude, bien que moins qu’en Malaisie. L’accalmie est de courte durée, il se remet à pleuvoir alors que nous buvons à l’hôtel El Kantara, près de la plage, hôtel qui a bien besoin d’un coup de pinceau. Notre hôtel appartient à des blancs, les Hernu, et le personnel est kanak, au moins les deux filles qui nous servent le dîner. Nous nous demandons en dînant combien il y a d’établissements appartenant à des kanaks et qui ont des employés blancs. Paule trouve à tout ce que nous voyons un parfum colonial qu’elle n’aime pas du tout. C’est vrai que les blancs aperçus ont un air suffisant assez insupportable ; une grande statue de cow-boy dans la salle à manger est comme une déclaration d’opinion politique. |
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