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Jeudi 28 décembre

Paule : Jeudi matin, nous allons à Amongavi village pour écouter des joueurs de flute.  Mais ils ne sont pas prêts quand nous arrivons et nous naviguons pendant 10 minutes avant de revenir et là nous les trouvons prêts et tous beaux. Les flûtes ont entre 60 et 100 cm de long, ce sont des troncs de bambou et elles n'ont qu'un trou, donc ne font qu'un son.

Les joueurs de flûte sont à l'intérieur de la « maison des esprits » qui est un peu semblable à la « rest house » sauf qu'il y a un côté qui est fermé sur lequel sont accrochées de jolies peintures sur écorce à dessin très primitif. Nous en achetons 2 pour 20 kiras (6 euros).

La maison des esprits est l'endroit où se perpétuent les traditions et où ont lieu les cérémonies importantes telles que les initiations aussi bien des filles que des garçons, les invocations aux esprits. Chris nous explique qu'il y a 3 sortes d'esprits: l'esprit de l'eau, de la terre et des arbres et chacun est invoqué pour une situation différente et chacun est statufié de façon  différente.

Il y a également les statues de ''good luck" qui jouent un rôle important. C'est un long bois sculpté qui représente un homme de profil dont on ne voit donc qu'un côté,  un pied, les côtes, la poitrine, un bras et le visage vu de profil. Chris a appris à les sculpter et quand il n'est pas guide (quand il n'y a pas de touriste) il en sculpte. Il y a une de ses productions accrochée au Lodge.

Puis nous faisons une très longue promenade sur la Bogapmavi river au bord de laquelle nous pique-niquons (toujours en restant dans le bateau car les berges sont infranchissables sauf aux endroits où il y a un embarcadère prévu). La promenade est assez longue et la rivière jolie. Toujours ces murs de verdure de chaque coté de la rivière, des palmiers de toutes sortes, des cocotiers, des bambous, des arbres à pain, de très grands arbres au tronc assez blanc et qu'ils utilisent pour construire les pirogues. Toutes sortes de plantes parasites et de lianes tombent de ces arbres.

Nous remontons la rivière jusqu’à un très beau village où le conseiller est très aimable et souriant. C’est un camarade de classe de notre guide.

Le village est encore plus soigné que tous ceux que nous avons visités. Les maisons sont alignées le long de la rivière et sont séparées du chemin qui longe la rivière par des haies de verdure soigneusement taillées et tout autour des maisons, il y a des plantes d’ornementation ou du tabac planté. Il y règne une atmosphère très paisible et c’est plutôt gai.

Sur le chemin du retour nous demandons à Chris de nous arrêter dans une école. Un bâtiment couvert de tôle ondulée abrite deux classes où il y a des tables et des bancs, un tableau noir au mur. C’est assez sommaire mais ça ressemble vraiment à une école. Ici c’est une mission évangéliste. Il y a un terrain (sommaire) de basket et un terrain de foot. Un peu plus loin, il y a un autre bâtiment mais la toiture en tôle ondulée est inachevée et le restera probablement longtemps car il n’ya plus d’argent pour achever la construction du bâtiment qui devrait abriter deux nouvelles classes.

Ces 4 jours à Karawari Lodge ont été très instructifs mais il y a encore beaucoup de mystères que nous n’avons pas percés.

Tous les soirs, nous avons diné avec Pauline et nous avons également toujours pris le petit-déjeuner avec elle. Nous avons eu de longues discussions avec elle et elle s’est un peu livrée à nous. Son mari est mort ici d’une crise cardiaque au mois de juillet cette année. Il avait 54 ans, elle doit avoir peut-être 55 ans. Ils avaient passé trois ans ensemble ici, d’abord à Ambua Lodge puis à Mount Hagen. Elle se plaît dans ce pays et après un bref séjour au Canada après la mort de son mari elle a décidé de revenir en Papouasie où elle est maintenant superviseur des responsables des différents Lodges qui appartiennent à la compagnie. Elle est maintenant à Karawari pour assurer la direction du Lodge en attendant qu’un nouveau responsable vienne y prendre ses fonctions. Elle avait l’air heureuse d’avoir des gens à qui parler.

Elle nous a également parlé des patrons de Trans Nuigini : Il s’agit d’un couple d’australiens. Lui a 69 ans et elle un peu moins. Ils ont un fils de 22 ans qui travaille également avec eux. Il y a 35 ans qu’ils vivent en PNG. Ils ont monté cette société trans Nuigini Tours. Dixit pauline, c’est elle qui est l’âme de la société. Ils sont propriétaires de 4 Lodges, du bateau Sepik Spirit et de deux avions. Ils emploient du personnel local à l’exception des gérants de Lodge et pilotes d’avion. Ils possèdent également les bateaux que nous avons empruntés sur la Karawari River ainsi que les camions et autobus divers que nous avons utilisés. Ils paient les villages où ils emmènent les touristes et transportent les enfants dans leurs avions quant il faut les emmener à l’école en ville. Leur business marche très bien et évidemment pour le personnel qu’ils emploient, c’est une chance inespérée. Chaque année, ils choisissent une dizaine d’employés qui se sont particulièrement distingués et leur offrent un voyage à Cairns. Paulus, notre guide à Ambua, en était cette année.

Maurice : Hier, nous n’avons pas vu grand-chose de nouveau, nous sommes repartis en bateau, vers l’amont, comme mardi et sommes d’abord allés assister à un concert de flûtes dans le village Amongawi, au bord de la Karawari, presqu’en face de la lodge, où nous avions photographié mardi des peintures ornant la maison aux esprits. Quand nous arrivons les flûtistes ne sont pas prêts et nous faisons des ronds dans l’eau pendant vingt minutes. Quand nous revenons, ils se sont habillés et ils jouent, dans la maison aux esprits, en dansant, très lentement, deux par deux, l’un en face de l’autre, deux pas en avant, deux pas en arrière. De chaque flûte, qui est un tuyau de bambou qui n’a qu’un trou sort une seule note.

 

Ce sont quatre hommes qui jouent sur un rythme lent. Je ne peux pas décrire leur habillement : des lanières, des feuilles, des plumes, des colliers, ils sont différents tous les quatre, et ils ont quand même l’air très nus. Ils ont l’air doux aussi et amicaux. Ils jouent un quart d’heure, après quoi je demande si je peux photographier les peintures, ce que je fais ; et il apparaît que je peux acheter ces peintures, ce que je n’aurais pas cru possible, chacune en plus pour la somme de dix kinas, environ 3€. P et moi en choisissons deux, qu’ils déclouent du mur du fond, tandis que m’envahit un sentiment de honte, j’ai l’impression de dépouiller ces pauvres gens. Ils n’ont pas l’air de nous en vouloir au contraire, ils ont vraiment très peu d’occasions de se faire un peu d’argent. Nous ne savons pas qui a peint ces écorces, ça a l’air peint avec le doigt de façon on ne peut plus primitive. Les couleurs sont mal fixées et Pauline le soir suggère de passer une couche de vernis incolore, ce que, dit-elle, les gens de Mount Hagen pourront faire. Dans l’opuscule que nous finissons par acheter, édité par Trans Nuigini Tours sur l’art et les mœurs de PNG, il est bien dit que des peintures semblables à celles que nous venons d’acheter ornaient rituellement les maisons aux esprits de la région du Sepik ; dans la mesure où les nôtres étaient très solidement fixées au mur du fond, on peut penser qu’elles sont vraiment authentiques, et cela me fait grand plaisir. Il n’est pas facile du tout de distinguer les objets décoratifs qui leur servent ou leur ont servi de ceux, nombreux qui sont fabriqués pour être vendus. Cette maison aux esprits est la seule que nous ayons vue, elle n’est pas grande, elle ressemble aux autres mais n’a de murs que sur deux côtés, les peintures ornent le mur du fond, et les flûtes, une douzaine, quand elles ne servent pas, sont pendues contre le mur perpendiculaire. Autrement c’est un plancher de dix à douze mètres carrés. Les habitants de ce village d’Amongawi sont de la tribu des Kombrop.

Après ce concert matinal, nous remontons un affluent de la Karawari, la rivière Bogapmari, longtemps pour arriver dans un des villages les plus sympathiques des environs. Nous y sommes accueillis par le conseiller, qui a vraiment une très bonne tête, il est petit, barbu, il a l’air malicieux et rieur, il était à l’école avec Chris et ils paraissent se retrouver Chris et lui avec plaisir.

Le village est très bien agencé, les maisons s’alignent le long de la rivière et une haie sépare les maisons de la rivière, il y a un chemin qui longe la rivière et un autre parallèle de l’autre côte de la haie. Cette haie est taillée et entretenue, il y a des fleurs, au pied de la haie et de certaines maisons, aussi des pieds de tabac. Entre la haie et la rivière se trouve la maison de repos : des maisons de repos, bien que je n’en aie pas encore parlé, nous en avons vu partout, c’est une véritable institution. C’est une maison sans mur, avec en général sur deux côtés, un plancher large de 1,2 à 1,5 mètre, perché à 1 mètre de hauteur, où les gens sont assis ou couchés, hommes et femmes, les bambins vibrionnant tout autour : les gens n’y font rien, avec application.

 

Dans ce village ils ont au moins une occupation, on voit plusieurs canoës en fabrication, et les outils qu’ils emploient, des petites herminettes, bien emmanchées, la lame est fixée au manche par une ligature faite très soigneusement en fibre végétale, et une gouge à lame hémicylindrique emmanchée de la même façon.

Le conseiller nous raconte qu’une partie des habitants est partie fonder un autre village quelques kilomètres en amont pour trouver de l’espace. Je pense que les habitants sont des Yokoim comme Chris car Chris comprend le conseiller. Nous aurons vu des gens appartenant à trois ethnies différentes, les Yokoim, les Kombrop, et les Karim, ces derniers étant ceux de la danse du poisson, mardi. Chris est formel, les gens de ces tribus parlent trois langages très différents et ne se comprennent pas entre eux, ils communiquent en anglais ou en pidgin.

Comme nous étions allés loin, nous revenons tard, le bateau aussi ne marche pas très bien sans que nous comprenions où est le problème, le batelier s’arrête assez souvent pour trifouiller dans son moteur, à aucun moment, pourtant, il ne perd le sourire ou manifeste un quelconque agacement.

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