Paule : Le temps étant toujours déplorable dans le parc des volcans, nous décidons d’abréger notre séjour au Château où l’on n’aurait rien d’autre à faire que de contempler le brouillard. Après de longues tractations avec l’agent de voyage et la direction du château, nous obtenons le remboursement de la moitié d’une journée au château qui est reportée sur le prix d’une chambre à Wangani. Nous partons à 11h, toujours dans le brouillard et le temps s’éclaircit à 30 km environ après notre départ. Les volcans « attirent » les nuages et on soupçonne que les sommets ne sont visibles que très peu de jours par an. Nous prenons la route touristique pour aller à Wangani, route qui longe la rivière Wangani. C’est une route hautement touristique en partie goudronnée qui fait 80 km de long environ de Pipiriki à Wangani. On fait un premier arrêt à Jérusalem, village qui doit son nom à une religieuse française venue de Lyon à la fin du 19ème siècle pour évangéliser les Maoris, Sœur Suzanne Aubert qui était une très sainte femme et qui a passé là toute sa vie. |
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Elle avait aussi fondé un ordre, les Sœurs de la Compassion. Il y a là une église et un couvent. Nous parlons avec deux sœurs, d’âge assez canonique, qui sont fort aimables. Ce petit village est très soigné, l’église très bien entretenue, peinte extérieurement de frais il y a peu de temps. Elle comporte des peintures traditionnelles « bien de chez nous » et des statues maories ainsi qu’un grand dessin maori au dessus de l’autel et ce mélange est du meilleur effet.
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Puis nous visitons 20 km plus loin un groupe de trois maraes (maison de réunion des Maoris). Deux d’entre eux sont transformés en dortoirs pouvant contenir 16 personnes dans l’un et 11 dans l’autre.
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En plus des sculptures traditionnelles, dont certaines habillées, il y a sur les murs des panneaux de très bonne qualité. On visite également un joli moulin au bord de cette rivière avec à côté un joli cottage.
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A part ces trois sites, il y a une vingtaine de maisons dans la vallée, la plupart d’entre elles faisant Bed and Breakfast. La route est toujours assez haut au dessus du niveau de la rivière que l’on approche en fait assez rarement. Il y a de nombreux troupeaux de moutons tout le long de la route et également de superbes fougères très hautes ainsi que des plantes dont j’ignore le nom et qui ont d’immenses fleurs en forme de plumeau.
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Whanganui est située à l’embouchure de cette rivière, sur la mer de Tasman. C’est une petite ville assez délicieuse, très fleurie et très coquette. On s’y promène un grand moment avec plaisir, d’autant que le soleil est revenu. Le soir, on dine dans un restaurant assez branché, situé juste à côté d’un pont sur la Whanganui river. Maurice : Et vendredi matin, devant la visibilité n’excédant pas cinquante mètres, je le rappelle pour lui dire que nous aimerions bien aller passer la nuit suivante à Whanganui. C’est possible me dit-il moyennant 142 dollars car c’est trop tard pour que le château ne fasse pas payer la nuit. Et je descends régler le château ; la caissière, un peu plus délurée que les autres me dit que MB n’a pas du tout contacté le château au sujet de notre départ anticipé, et ne faisant ni une ni deux elle l’appelle au téléphone. MB, pris en flagrant délit de mensonge ne se démonte pas, il me dit avoir envoyé un email, puis je ne sais trop comment s’engage alors une discussion à laquelle se mêle une dame haut gradée dans le personnel du château. Ils nous font poireauter une vingtaine de minutes et le résultat est que MB rabaisse de 142$ à 60$ ce que doit nous coûter notre départ anticipé. Et notre confiance en MB est elle, du même coup, rabaissée à zéro. |
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Heureusement le temps s’arrange dès que nous sortons du Parc et que nous sommes descendus de 700 mètres d’altitude à 200 ou 300. La petite ville de Reatihi est amusante, avec des bâtiments, pour la plupart en bois, datant d’il y a un siècle, et présentant une arcade sur la rue (à vrai dire de la tôle ondulée portée par une rangée de poteau à trois mètres de la façade). Il est dommage que plusieurs magasins soient désaffectés et que les maisons les abritant n’aient pas reçu un coup de pinceau depuis des lustres, bien qu’apparemment la ville soit consciente de posséder un patrimoine (« héritage », comme ils disent). Et nous prenons la route de la vallée qui nous a été chaleureusement recommandée par plusieurs personnes : trente kilomètres dont vingt goudronnés permettent de gagner Pipikiri, dans la vallée de la Whanganui, la plus longue rivière navigable de NZ, Pipikiri qui est à peine un hameau, et à partir de là nous longeons la rivière mais d’assez loin. Le paysage est extraordinairement sauvage et désert, en 100 Km nous rencontrons au plus dix voitures, dont deux voitures d’éleveurs de moutons (il y en a partout sur les flancs de la vallée qui ne sont qu’à moitié boisés) et deux autres remontant des kayaks. La route n’est qu’une piste, construite récemment et non sans peine. Nombreux sont les endroits où il a fallu entailler la montagne profondément et maçonner l’entaille. Nous arrivons à Jérusalem, siège d’une mission française qu’a illustrée de sa présence Suzanne Aubert, dite Mère Aubert, une sainte femme venue là vers 1880 pour évangéliser les Maoris et qui semble avoir au moins réussi à rester populaire dans la mémoire des Maoris. L’église est une petite construction de bois, proprette et bien entretenue, avec un clocher pointu, une cloche dans le clocher et une corde pour sonner la cloche dont l’extrémité, qu’empoigne le sonneur, est bleu-blanc-rouge ! On ne peut pas dire que l’influence française soit nulle en NZ ! Plus étonnant est que le maître-autel soit orné de sculptures maories et qu’il y ait deux grandes toiles également maories dans l’église. Une maison de bois bien peinte elle-aussi comme l’église et de la même couleur, abrite des petites sœurs de la compassion, ordre qui a été fondé par Mère Aubert et vit encore. Nous en rencontrons deux, plutôt de notre âge, aimables petites vieilles, dont l’une nous dit de prendre si cela nous intéresse la brochure dédiée à Mère Aubert que nous avons feuilletée dans l’église et l’autre nous conseille d’aller nous baigner près du pont, où la rivière forme une piscine naturelle. Plus loin nous nous arrêtons pour voir un ancien moulin à farine, datant de 1880, bien remis en état, et ouvert en tout temps à la visite. On y voit non seulement la roue mais tous les mécanismes, les poulies et engrenages ainsi que la meule. C’est le Gouverneur Général, représentant de la Reine qui est venu en personne inaugurer le moulin restauré, peut-être n’a-t-il pas grand-chose à faire ! Et à deux pas du moulin, c’est un marae, que nous visitons. Une dame est la sous le porche en train de coudre et elle nous invite très gentiment à visiter et photographier comme nous voulons ; il y a trois maisons côte à côte, avec la façade triangulaire classique et des sculptures sur les bandeaux de la toiture et au trumeau central. Deux de ces maisons sont des dortoirs, seize lits dans l’un, onze dans l’autre, la troisième est une espèce de musée assez désordonné : la décoration intérieure est intéressante, avec des peintures sur les poutres portant la toiture et les poutres verticales sur lesquelles elles reposent, et des panneaux peints entre ces poutres, mélange de dessins géométriques et de têtes bien maories. Ces panneaux sont les œuvres récentes d’un artiste qui les signe. De fait la dame attend des gens, ce lieu est un endroit où l’on peut venir s’initier à la culture maorie, manger et dormir ; un grand terrain herbu s’étend devant ces trois maisons et à l’autre extrémité du terrain il y a une cantine, local où boire et manger avec une terrasse, comme on peut en trouver sur n’importe quel terrain de camping. Après trente kilomètres la route est à nouveau goudronnée ; un peu avant de rejoindre la nationale, on remonte et c’est là qu’on a les plus belle vues sur la vallée que l’on quitte, pour retrouver dix Km plus loin la rivière complètement apaisée, coulant entre des vertes prairies. On est là aux portes de la ville de Whanganui. Autre surprise de la journée, Whanganui est une jolie ville, on passe un pont, pour entrer dans Victoria Avenue, et très vite je m’arrête pour prendre des photos. Il y a un très beau soleil qui éclaire des façades assez colorées et pittoresques, vaguement « art déco ». Nous gagnons notre moto lodge en passant devant l’opéra royal que le contre-jour m’empêche de photographier, ce qui est dommage car il en vaut la peine, et nous revenons dîner à l’entrée du pont. Le restaurant, convenable, est installé dans un ancien entrepôt qui a un certain charme. |