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Samedi 23 décembre 2006 à Ambua Lodge à Tari

Paule : La journée a été très riche en émotions et découverte du pays et je ne sais pas si je vais réussir à exprimer toutes les sensations, émotions, découvertes que nous avons éprouvées aujourd’hui.

Nous nous sommes donc réveillés à 5h ½ ce qui n’a pas été trop dur car nous nous étions couchés avant 9h. Après une tasse de thé et de café, nous partons en van (ou camion, je ne sais comment qualifier l’engin incroyable qui nous transporte) et nous grimpons encore de près de 800 m.

Partis du Lodge alors qu’il faisait presque nuit, nous voyons le soleil apparaître à travers une végétation étonnante, pas compacte mais tout de même assez fournie et le paysage est vraiment grandiose. Certaines plantes au bord de la route, en particulier des fougères, sont couvertes de rosée et luisent sous le soleil naissant.

Il n’y a plus personne qui habite là et le paysage est complètement « vierge » et naturel, pas modelé par qui que ce soit. La partie la plus haute est une vaste prairie mais il n’y a pas de bétail non plus.

 

Le guide est un peu triste car on voit très peu d’oiseaux. Il y en a beaucoup mais ils ne veulent pas se montrer aujourd’hui, mais pour notre part nous ne sommes pas du tout déçus car le panorama et la végétation sont vraiment superbes et voir les effets lumineux du soleil levant à travers la végétation valait certainement la peine de se lever à 5h ½.

Après le petit-déjeuner à 9h, nous repartons à 9h ½ dans un van-camion un peu moins délabré et nous reprenons la route de Tari (de toute façon, il n’y a que deux possibilités). Au bout d’une demi-heure de route, nous faisons un premier arrêt dans un village. En fait, il y a plein de villages le long de cette route mais ils ne donnent sur la route que par une porte ou une arche.

Nous arrivons sur un vaste terre-plein où il y a déjà deux jeunes papous dans le costume traditionnel et quelques objets d’artisanat sont présentés : sacs (que les hommes comme les femmes portent parfois en bandoulière mais la plupart du temps avec la bandoulière passée autour du front et le sac pendant dans leur dos avec tout ce que l’on peut imaginer dedans, des fruits, de l’herbe et même des bébés), des colliers identiques à ceux qu’ils portent réellement, des pipes dont un vieillard nous fera une démonstration de la façon dont ils l’utilisent (ils cultivent leur tabac) et quelques statues.

 

Puis d’autres danseurs et chanteurs arrivent. Il y a même une femme qui danse avec eux : il y a deux danseurs, deux chanteurs, une dame et « le mauvais esprit », il y a également un « papou » en costume traditionnel qui est spectateur. Ils sont tous maquillés et portent tous des coiffes étonnantes ornées de plumes (certaines d’oiseaux du paradis, d’autres de perroquets ou de casoars) ou de perruques faites de cheveux naturels (ils se laissent pousser les cheveux pendant 18 mois pour fabriquer ensuite ces perruques).

Ils ont beaucoup de colliers autour du cou, le torse nu la plupart du temps et des pagnes, quelques fois, ils ont une espèce de « châle » dans le dos fait de différentes sortes de plumes, de perles et de poils de cochon. « Le mauvais esprit » lui est presque tout en noir et si il est avec les danseurs alors il ne peut pas exercer son action néfaste sur le reste du village pendant la danse.

Le cochon joue un rôle très important dans leur vie quotidienne. C’est à la fois un élément de base de leur alimentation, mais c’est surtout un signe de richesse et un animal sacré. La cérémonie à laquelle nous assistons est une « Sun dance » pour appeler le soleil à protéger et faire croitre les cultures et lui demander de porter chance au village. A chaque cérémonie importante un cochon est sacrifié : une naissance, un mariage ou pour « guérir » un malade. Dans leur costume, il y a parfois des os de cochons (tibias) qui sont pendus à la taille et sont sensés les protéger et leur porter chance.

Notre guide, Paulus, qui est manifestement du même clan que ces danseurs, nous donne plein d’explications pendant la cérémonie et se livre un peu. Il nous dit qu’il a 2 femmes et 6 enfants et qu’il a aussi une autre « girl friend » mais qu’il ne peut pas encore l’épouser car il n’a pas assez de cochons ! !

Il nous dit également qu’il a été orphelin de père et de mère très jeune et qu’il s’est occupé de ses cochons pendant un certain temps. Puis il est allé 3 ans à l’école et il est parti à Port Moresby où il vivait de pas grand-chose et ne se plaisait pas mais il n’avait pas l’argent nécessaire pour acheter un billet d’avion pour revenir dans son pays. Il est donc resté quelques années à POM, puis il a pu enfin revenir grâce à la générosité de quelqu’un (un missionnaire ?) et il a été embauché au Lodge pendant 6 ans à des travaux divers avant d’être promu « guide » il y a 6 mois parce qu’il avait assez bien appris l’anglais avec les touristes de passage.

Revenons à nos danseurs et musiciens qui sont vraiment très gracieux et très joyeux. Ils ont l’air heureux de danser pour nous et nous échangeons plein d’amabilités. Le « spectateur » nous fait une démonstration pour nous montrer comment on utilise la pipe et nous la lui achetons pour 10 kiras (soit environ 3 €). Ce premier arrêt a été très agréable et nous en sommes très contents.

Puis nous reprenons le van pour aller dans un autre village. Une chose surprenante aussi le long de la route, c’est qu’on voit plein de tombes sur les bas côtés qui sont en forme de parallélépipède surmonté d’un toit conique en tôle ondulée. Elles sont assez souvent de couleurs assez vives. La foule est toujours nombreuse le long de la route, assez colorée, débraillée et joyeuse.

Les hommes comme les femmes ont presque toujours des couvre-chefs qui peuvent être de simples guirlandes de feuilles, des coiffures plus sophistiquées avec des plumes ou des perruques, sinon un simple bandeau ou une casquette (le chauffeur du van porte une casquette alors que le guide porte un chapeau noir à larges bords et orné de plumes multicolores de perroquets).

A notre deuxième arrêt nous avons droit à une danse des Esprits. Il y a quatre danseurs que nous voyons se préparer. Ils ajustent leurs coiffures avec beaucoup de soin et disposent de petits miroirs pour ce faire. Ici les spectateurs sont environ 8 enfants d’environ 5 ans, toujours très joyeux et souriants. Les danseurs disposent de sorte de tam-tam d’environ 50 cm de haut, l’un d’entre eux a une flûte de pan faites de plusieurs morceaux de roseaux de longueurs différentes, et enfin un autre souffle dans un long morceau cylindrique muni d’une languette sur le dessus qu’il fait vibrer avec ses lèvres (au premier arrêt, en guise d’instruments de musique ils avaient essentiellement des petits sacs fermés formés par une feuille et remplis de graines qu’ils agitaient).

Puis nous allons dans une Lodge très sommaire où nous mangeons le pique-nique apporté depuis notre Lodge. Il n’y a qu’une case avec toujours le foyer au milieu à même le sol et deux couchettes dans une pièce annexe.

Puis nous allons dans un troisième village où là les cases des hommes et des femmes sont distinctes. Les hommes gardent dans leur cases les « armes », les objets de culte tandis que la porcherie se trouve à l’entrée de la case des femmes où il y a également un foyer central et c’est là qu’ils prennent en commun leur repas. Nous voyons également leurs plantations. Il y a un assez grand champ de patates douces qui est la base de leur alimentation. Il y a souvent des bananiers devant les cases et on voit également un avocatier de plusieurs mètres de haut. Sur le bord de la route, on a vu des plants de café et des graines de café qui séchaient. Nous abrégeons la visite de ce village car il commence à pleuvoir.

Sur le chemin du retour, il y a énormément de monde sur la route car c’est jour de marché. Et là nous voyons un spectacle étonnant, plusieurs centaines de personnes assemblées, presque toutes abritées sous d’immenses parapluies. Là, il y a des femmes en costume traditionnel et ce n’est pas pour les deux seuls touristes que nous sommes à fréquenter ce marché mais bien parce qu’elles sont heureuses d’être en costume traditionnel. La foule est toujours très chaleureuse. Nous sommes de retour à 14h30 à notre Lodge, la tête remplie d’images de tout ce que nous avons vu aujourd’hui dans cette plongée dans le clan des « hulis ».
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