Jour d'avant Sommaire Retour à Papouasie Jour d'après

Dimanche 24 décembre 2006 toujours à Ambua Lodge à Tari

Paule : Les trois autres clients attendus ne sont pas arrivés. Ils ont annulé leur séjour. Ce n’étaient pas des touristes mais des gens de POM employés dans une grande société. Donc nous sommes encore seuls ce soir et du coup le gérant nous demande de venir diner avec lui. Curieux garçon, environ 35 ans, nous parlons des papous, des maoris et des aborigènes d’Australie et pour une fois nous voyons un australien qui ne leur est pas hostile. Il y a 6 mois qu’il est là et il a un contrat de 2 ans. Ensuite, il rêve de faire le tour d’Australie à vélo pendant 6 à 8 mois.

Ce matin, nous partons d’abord vers 8h pour une marche à pied dans la forêt pour voir des cascades. Nous en voyons une première assez près du Lodge qui est agréable et nous allons jusqu’à un pont suspendu que nous empruntons. Il est de construction très rudimentaire, des planches reposant sur des troncs d’arbres, les attaches sont certainement d’origine végétale (ils construisent avec ce qu’ils trouvent sur place).

Puis nous faisons une marche d’environ 1 heure dans la forêt sur un chemin pas très bon, mais manifestement entretenu. Au départ du Lodge, on nous a donné des « bâtons de marche » qui sont bien utiles. La forêt est toujours dense, très verte, le sol est tout gorgé d’eau. Nous voyons quelques fleurs, des fraises des bois et des champignons. Le chemin domine une gorge assez profonde et nous entendons la rivière en dessous mais nous ne la voyons pas car elle est cachée par la verdure. Et nous ne voyons la cascade que lorsqu’on en est tout près. Celle-ci est vraiment spectaculaire. L’eau tombe de haut (peut être 80 mètres) et il y a un débit très important. Il y a des projections d’eau assez loin. Sur les rochers bien-sûr toutes sortes de mousses (encore du vert ! !) poussent avec vigueur.

Puis nous revenons sur le chemin pour retrouver le camion et nous repartons pour nos visites du peuple huli. Premier arrêt dans un village où nous assistons à une séance de maquillage des hommes.

Ils se peignent le visage avec de l’ocre presque uniformément, puis à l’aide d’une brindille très fine, ils se peignent le dessus du nez, les lèvres et le pourtour des yeux avec du rouge, qui est une terre qu’ils trouvent à proximité et qui devient rouge dès qu’elle a été cuite. Ils sont toujours habillés de la même façon, torse nu, pagne et sac en bandoulière. Leurs chapeaux sont très beaux, toujours ornés de plumes d’oiseaux du paradis, de casoars et de perroquets. Certaines fois ils ont aussi des perruques mais j’en parlerai plus loin. Ils ont des petits miroirs pour pouvoir faire leur maquillage avec précision.

Le deuxième arrêt est certainement le plus étonnant depuis qu’on est en PNG. Nous allons voir une « école de perruques ». Là nous devons marcher environ dix minutes à travers les champs de patates douces avant d’arriver devant une arche où nous attend le « professeur » qui ne semble pas tout jeune et qui nous escorte vers un terre plein où il y a « 3 élèves » au bord de la rivière. Vers l’âge de 18-20 ans les garçons viennent à l’école de perruques et laissent pousser leurs cheveux pendant 18 mois. Une condition nécessaire pour être admis dans une école de perruque est de n’avoir jamais eu de rapports sexuels avec une fille.

Les parents payent 200 kiras pour y mettre leurs rejetons qui sont testés par le professeur tous les 6 mois. Si leurs cheveux ne poussent pas de façon satisfaisante, ils sont renvoyés sans dédommagement (ils ont menti, c’est qu’ils avaient déjà fait l’amour avec une femme). Leurs cheveux doivent être constamment humides pour bien pousser et ils les arrosent régulièrement avec des feuilles qu’ils trempent dans la rivière. Il ne faut surtout pas que quelqu’un d’extérieur à l’école touche leur chevelure car alors elle serait souillée. Ils ont un bandeau au bord de la tête pour rejeter leurs cheveux vers l’arrière. Ils doivent boire énormément d’eau de la rivière afin de se purifier de partout, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur.

Ils se lèvent très tôt le matin après avoir dormi avec la tête appuyée sur un long bâton de bois qui est à environ 20 cm du sol (ils appellent cela leur oreiller de bois). Ils doivent s’occuper de leur chevelure pendant la journée, mais aussi travailler dans les champs pour mériter leur nourriture. Puis nous allons un tout petit peu plus loin voir deux experts qui fabriquent des perruques : une noire et une rouge, la rouge étant celle des danseurs. Une perruque noire est vendue 600 kiras (l’argent revient entièrement au jeune) et une rouge vaut plus cher car c’est une perruque d’apparat.

Quand la chevelure atteint la bonne longueur, ils sont rasés et les cheveux sont fixés sur un support de tissu, genre toile de jute qui est le support de la perruque. Au bord de la rivière, les 3 « élèves » se démêlaient mutuellement les cheveux à l’aide de petites brindilles et on a eu l’impression qu’ils utilisaient le même genre de brindille pour fixer les cheveux sur le support de la perruque. En fait les 3 « élèves » que nous voyons ne sont pas du tout jeunes et n’en sont pas à leur premier stage à l’école. Ce sont des garçons trop pauvres pour acheter le cochon nécessaire à toute demande en mariage et c’est un moyen comme un autre de faire des économies (5 voire 6 stages pour pouvoir acheter le cochon). C’est très valorisant de faire un tel stage et le soir, le gérant de la Lodge nous parlera avec beaucoup de respect de ceux qui ont fait un tel stage.

 

Puis nous allons enfin dans un troisième village où le spectacle est plus funèbre car il s’agit d’avoir des explications sur les veuves.

Il y a là une veuve et ses trois accompagnatrices. Une veuve est entourée 24h sur 24 par trois accompagnatrices car si elle était seule l’esprit de son mari pourrait venir lui nuire. La veuve a le visage entièrement peint en blanc et est vêtue d’une espèce de châle informe, de couleur indéfinissable qui la recouvre entièrement des pieds à la tête. Une veuve doit attendre que ses enfants soient mariés avant de pouvoir envisager elle-même de se remarier, la plupart du temps avec un parent proche de son ex-mari, sinon elle doit rembourser tout ce que son mari avait offert pour l’acheter.

Notre guide Paulus a été parfait durant ces trois jours de visite et notre plongée dans le monde huli très réussie. Sur le chemin du retour, nous demandons à Paulus de visiter l’église de la mission catholique qui est sur notre chemin.

Quand nous sommes passés ce matin, il y avait du monde car c’était la messe dominicale. Là il n’y avait plus personne mais nous avons quand même pu pénétrer à l’intérieur. C’est une construction très sommaire d’environ 150 m², à toit de tôle ondulée. Le sol est recouvert de nattes identiques à celles qui forment les murs de notre Lodge. Un autel très simple est surmonté d’un Christ en bois rudimentaire et quelques affiches au mur.

Devant l’autel, il y a quelques feuilles qui forment un petit matelas et ceci est la « crèche » car ce soir c’est Noël. Du coup nous décidons d’y revenir ce soir pour la veillée de Noël qui doit commencer à 7 h et durer 3 ou 4 heures.

Jour d'avant Sommaire Haut de la page Jour d'après